Mouche méditerranéenne des fruits ou cératite

Mouche méditerranéenne des fruits ou cératite

La cératite ou « mouche méditerranéenne des fruits »  est vraisemblablement originaire de l’Afrique Occidentale, plus précisément de la zone de l’arganier (Agarnia spinosa) du sud marocain; elle est actuellement répartie dans presque tous les pays subtropicaux et tropicaux du globe. L’espèce est particulièrement bien installée dans le bassin méditerranéen.

1. Description

– Adulte: petite mouche très colorée: yeux verts; thorax gris cendré, orné de taches noires; ailes transparentes avec taches orangées et foncées; abdomen brun clair, cerclé de gris. Chez la femelle, l’abdomen se prolonge en tarière pointue. L’adulte mesure 5 à 7 mm environ: les mâles sont plus petits.

– Œuf: blanc allongé subcylindrique, en forme de banane, 1 mm de long.

– Larve: apode, appelée « asticot », légèrement tronconique, blanc- clair, 7 à 8 mm de long, avec deux forts crochets buccaux noirâtres.

– Chrysalide: pupe en forme de tonnelet, de couleur brune, 5 à 6 mm de long.

Avant de s’attaquer aux agrumes, la cératite évolue sur différentes espèces qui fructifient successivement: néflier, abricotier, pêcher, poirier, figuier, etc.

Voir aussi mineuse des agrumes

Quatre à cinq générations peuvent se succéder annuellement. Dans les conditions optimales, le cycle évolutif d’une génération dure 3 à 4 semaines. Le développement de l’insecte n’est possible qu’à partir de 14 °C; sa biologie est étroitement liée à la présence de fruits. La femelle, à l’aide de sa tarière (oviscapte), pond dans la pulpe; elle peut déposer ainsi entre 300 et 500 œufs répartis en plusieurs pontes successives. La larve se développe rapidement dans la pulpe de fruit, passant pars trois stades. La larve adulte quitte le fruit et descend dans le sol pour se nymphoser.

Cycle biologique de la mouche méditerranéenne des fruits.
(Photos : Dr. Knapp)

2. Dégâts

Cératite capitata est très polyphages. Elle représente l’un des plus graves problèmes pour l’agrumiculture: les dommages causés par la cératite constituent le principal obstacle à la production des fruits sains et à leur exportation.

Les pertes annuelles sont variables; en cas d’absence ou de mauvaise conduite des traitements insecticides, les dégâts s’élèvent facilement à 10 – 20 % ou plus. Deux sortent de dommages résultent de l’attaque de la cératite:

– Dommages provoqués par des piqûres de femelle; ils donnent un mauvais état de présentation aux fruits d’agrumes, qui sont automatiquement rejetés à l’exportation. En outre, les fruits piqués tournent plus rapidement (maturité apparente) et peuvent tomber précocement;

Piqûre du femelle de cératite sur fruits d’agrumes
Photo J.Barthes (INRA)

– Dommages provoqués par des larves; ils entraînent la pourriture des fruits; les fruits véreux sont totalement perdus.

Voir aussi teigne de citronnier

3. Lutte

La cératite est le ravageur qui demande le plus d’observation et de surveillance. Plusieurs méthodes de lutte ont été appliquées pour la lutte contre la cératite dont on cite : la lutte chimique, la lutte biologique, la lutte culturale, la technique d’insecte stérile, le piégeage en masse, l’irradiation et le traitement à froid… Le recours à la lutte intégré est nécessaire d’une part, pour améliorer l’efficacité de l’intervention d’autre part, pour préserver les auxiliaires et respecter l’environnement.

Dans cet article, seul les 3 techniques de lutte les plus efficaces vont être traités : la lutte chimique, la technique d’insecte stérile et le piégeage en masse.

a. Surveillance

Avant la réceptivité des fruits, les pièges sont suspendus aux arbres à une hauteur de 1,5 à 2 mètres à l’exposition sud-est. Les pièges utilisés sont de type Maghreb- Med, contenant l’attractif et l’insecticide, à raison de 1 à 2 piège par hectare. L’attractif doit être changé une fois par mois ou tous les deux mois tandis que l’insecticide  tous les deux mois. Toutefois, au moment de la surveillance, il faut attacher une importance particulière au contrôle des fruits.

La surveillance consiste en l’observation de 5 fruits par arbre. La présence de piqûre de la mouche indique que le fruit est considéré comme étant infesté.

b. Lutte chimique 

Dans la lutte chimique classique, l’intervention, durant la période de sensibilité de fruit, est justifiée dans l’une des situations suivantes:

  • Le nombre de mouches est au-delà de 3 mouches par piège et par jour ;
  • Le pourcentage de fruits présentant des piqûres de mouches est supérieur à 1%.

A noter que ces seuils peuvent varier en fonction de la région, de la variété, de l’état de maturité du fruit et de la charge de l’arbre.

La cératite ayant besoin de liquide sucré pour la formation de ses œufs, l’adjonction d’un attractif sucré à l’insecticide, permet de mieux détruire le ravageur.

Voir aussi thrips des agrumes

L’utilisation d’un attractif  permet de pratiquer la technique de l’épandage partiel dit « par bandes »: traitement d’une rangé d’arbre sur trois ou quatre, toujours la même. Les pulvérisations à grosses gouttes plus attractives, sont préférer. Les traitements à bas volume (1.5 à 2 litres/ha, par voie aérienne, le plus souvent en traitement intégral) sont de plus en plus utilisés dans les pays méditerranéens.

Les conséquences négatives sur l’environnement et les consommateurs imposent le recours à des nouvelles méthodes de lutte.

c. Piégeage en masse 

Le principe du piégeage en masse de la cératite est simple, les insectes sont attirés par des substances alimentaires dans les pièges, où ils ne peuvent plus sortir, en mourant finalement à l’intérieur par l’effet d’un insecticide qui se place à l’intérieur.

– L’insecticide  est placé à l’intérieur du couvercle du piège. Il agit par contact avec une persistance de 120 jours.

– Il est conseillé de placer les pièges entre 30 et 40 jours avant la récolte, c’est-à-dire, avant le changement de couleur des fruits.

– La densité des pièges au champ dépend de la culture à traiter et des cultures voisines. En général, la densité est de 40-50 pièges par hectare.

– Les pièges sont placés aux arbres une fois par saison, à une hauteur de 1.5 à 2  mètres du sol, dans la face ensoleillé.

Voir aussi psylle des agrumes

d. La technique des insectes stériles

La Technique de l’Insecte Stérile (TIS) est une technique biologique qui permet la suppression ou l’éradication des insectes ravageurs. Les insectes pupes, une fois exposés aux radiations ionisantes, deviennent sexuellement stériles à cause de l’introduction des mutations dominantes au niveau du sperme. Quand les mâles stériles sont lâchés dans la nature et s’accouplent avec les femelles sauvages fertiles, les œufs produits ne se développent pas à cause de l’altération génétique du sperme. Par conséquent, lorsque le taux de croissance naturelle est surpassé, la population est réduite. Ce concept a été développé dans les années cinquante aux Etats-Unis.

La TIS est l’une des principales composantes de la lutte intégrée. Elle aide à contrôler la mouche méditerranéenne des fruits et à la maintenir à des niveaux économiquement tolérables.

Il n'y a pas encore de commentaires.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Commencez à taper et appuyez sur Entrée pour lancer la recherche.